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L'univers de l'Espace
Reine de Saba









YEMEN : accords de soutien à Londres

28 janvier 2010

Informations selon l’article de Gilles Paris (Le Monde) et autres experts sur la région :

Improvisée par le premier ministre britannique, Gordon Brown, au lendemain de l’attentat raté du 25 décembre 2009 sur le vol Amsterdam-Detroit, revendiqué par Al-Qaida, l’annonce d’une conférence sur le Yémen en marge de la réunion prévue sur l’Afghanistan le jeudi 28 janvier, avait pris de court les alliés occidentaux du Royaume-Uni. Réduite finalement à une réunion au niveau ministériel expédiée en deux petites heures, mercredi, cette conférence a surtout servi à annoncer une réunion des pays donateurs. Ces derniers se retrouveront à la fin du mois de février à Riyad, en Arabie saoudite. Un choix qui s’explique à la fois par les liens qui unissent aujourd’hui le régime yéménite au royaume, après des décennies de relations compliquées, et par la prééminence des Saoudiens au sein du Conseil de coopération du Golfe, l’instance régionale qui regroupe les riches Etats pétroliers de sa rive occidentale.

Le Yémen, le plus pauvre des pays de la péninsule Arabique, attendait de la réunion de Londres, de sources diplomatiques, "une mobilisation internationale" pour répondre à "une menace internationale". Il a reçu à Londres un soutien sans ambiguïté et la promesse d’un engagement financier qui ne sera pas limité à la lutte antiterroriste.

S’ajoutant à la constitution sur son sol du groupe Al-Qaida pour la péninsule Arabique (AQPA), en février 2009, le passage au Yémen de l’auteur de l’attentat manqué de Detroit, un jeune Nigérian, a brutalement attiré l’attention des Occidentaux sur l’instabilité yéménite, de même que la présence d’Anouar Al-Aulaqi, un prédicateur radical indirectement impliqué dans la tuerie de Fort Hood, au Texas, en novembre 2009.

RÉBELLION ARMÉE

Mais la nébuleuse terroriste n’est pas, de loin, le seul problème auquel est confronté un régime dont l’autorité n’est que théorique dans la majorité des provinces du pays. Depuis bientôt six ans, une rébellion armée tient en échec l’armée yéménite dans le nord du pays alors que le sud est en proie à une agitation sécessionniste lancinante depuis plus d’une décennie.

A Londres, les discussions ne se sont donc pas limitées à la lutte antiterroriste, pour laquelle Sanaa demande plus de moyens tout en récusant une présence militaire occidentale dénoncée par avance par des religieux radicaux influents, et qui constituerait, selon les responsables yéménites, "une ligne rouge".

En 2006, 4,7 milliards de dollars (3,35 milliards d’euros) avaient été promis au Yémen pour lutter contre une pauvreté qui a certes baissé au cours de la dernière décennie, selon un rapport de la Banque mondiale publié le 10 janvier, mais qui reste la plus élevée de la région. Une partie seulement de cette somme avait été déboursée, faute de structures efficaces, selon certains donateurs. Les autorités yéménites, elles, avancent au contraire la défaillance de certains contributeurs pour expliquer ce relatif échec.

La pauvreté est massive dans les provinces orientales d’Al-Jauf et de Chaboua, où l’organisation terroriste est bien implantée. C’est d’ailleurs dans cette dernière que des raids coordonnés avec les Etats-Unis ont été menés, les 17 et 24 décembre 2009, contre des bases supposées de l’AQPA. "C’est une des raisons de son succès, il faut développer les régions de l’Est", assure un diplomate yéménite.

En dépit d’efforts et, notamment, de la création d’une structure de lutte contre la corruption, la mauvaise gouvernance d’un régime où les proches du président Ali Abdallah Saleh monopolisent les postes de responsabilité est également avancée par certains observateurs pour expliquer les réticences de certains pays à s’engager au Yémen.

Cette accusation, relativisée par les autorités, est reprise par l’opposition, dans un pays où les élections législatives ont été repoussées de deux ans en 2009. Alors que certains donateurs occidentaux aimeraient voir le pouvoir yéménite abandonner la répression au profit du dialogue sur les fronts du Nord et du Sud, l’aide envisagée à Londres, et qui sera discutée à Riyad, devrait donc être conditionnée à des demandes de réformes.

Gilles Paris (que nous remercions)

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